Le méthane encore plus dangereux pour le climat

Publié le par Nathalie

Le dioxyde de carbone (CO2) n’est pas l’unique responsable de l’augmentation considérable des températures qui a eu lieu lors d’un phénomène de réchauffement datant de plusieurs millions d’années et appelé Maximum Thermique Paléocène-Eocène. Le réchauffement considérable de la planète qui a eu lieu il y a 55 millions d’années ne peut pas être expliqué uniquement par l’augmentation des taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère d’après ce que montre une étude, soulignant les vides qui subsistent dans la compréhension des impacts d’un changement climatique rapide. Lors d’un phénomène de réchauffement baptisé le Maximum Thermique Paléocène-Eocène, les températures ont augmenté de 5 à 9°C en plusieurs milliers d’années. Le monde à cette époque était déjà beaucoup plus chaud qu’aujourd’hui et aucune partie du globe n’était recouverte de glace en surface. 

« Nous pensons désormais que le dioxyde de carbone (CO2) n’a pas entraîné l’ensemble du réchauffement et qu’il y avait des facteurs supplémentaires » a déclaré Richard Zeebe, un océanographe de l’Université d’Hawaii à Manoa. 

Le dioxyde de carbone que nous mettons actuellement dans l’atmosphère va y rester pendant très longtemps. 

« Il y a peut-être eu un facteur déclencheur » a-t-il ajouté. Cela pourrait être un réchauffement très important des océans, qui aurait pu provoquer un rejet catastrophique de méthane provenant des dépôts de méthane situés dans les fonds marins. 

Le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus dangereux que le CO2 lorsqu’il est rejeté par des dépôts d’hydrate situés dans les fonds marins. Richard Zeebe et ses collègues ont estimé la quantité de CO2 rejetée lors de ce phénomène de réchauffement Paléocène-Eocène en étudiant les cœurs de sédiments provenant de fonds marins de différents points du globe. Leur étude a été publiée dans le dernier numéro du magazine Nature Geoscience. Ils ont estimé qu’environ 11 billions de tonnes de CO2 avaient été rejetées sur plusieurs milliers d’années par des dépôts de méthane, conduisant à une augmentation des taux atmosphériques de CO2 de 70% par rapport aux taux précédent le début du réchauffement. Mais Richard Zeebe a déclaré que ces taux de CO2 ne pouvaient expliquer qu’une augmentation des températures de 1 à 3,5°C. Cela signifie que d’autres facteurs sont à l’origine de l’augmentation de 5 à 9°C des températures. 

« Si ce réchauffement supplémentaire, que nous ne comprenons pas réellement, a été provoqué en réponse au réchauffement lié au CO2, alors il est possible qu’un futur réchauffement puisse être plus intense que ce que les scientifiques anticipent actuellement » a déclaré Richard Zeebe. 

Il a déclaré que l’étude suggérait qu’il pouvait y avoir des processus atmosphériques ou océaniques encore inconnus ou peu compris qui pouvaient avoir accéléré le réchauffement climatique. Parmi les possibilités, des changements auraient pu intervenir dans les courants océaniques, une augmentation bien plus importante des niveaux de méthane aurait pu avoir lieu, de même que les taux de CO2 auraient pu être plus élevés que ce que l’on pensait précédemment. 

Pour le moment, les taux de CO2 ont augmenté de 280 parts par million (ppm) à quasiment 390 ppm depuis le début de la Révolution Industrielle et pourrait dépasser l’augmentation de 70% au cours du siècle, soit à un taux beaucoup plus rapide que ce qui a été enregistré lors du phénomène de réchauffement du Paléocène-Eocène, a déclaré Richard Zeebe. Tandis que cela pourrait avoir des effets immédiats, cela pourrait beaucoup s’aggraver dans les décennies et les siècles à venir, dans la mesure où les océans, les sols et l’atmosphère essaieront de gérer des taux de CO2 bien plus élevés qu’à l’accoutumée, d’après le scientifique. 

« Le dioxyde de carbone que nous mettons actuellement dans l’atmosphère va y rester pendant très longtemps. Une grande partie de ce CO2 va y rester pendant des dizaines de milliers d’années ».

Publié dans Climat

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