Fromage ou huile de palme ?

Publié le par Nathalie

Ouvrons l'oeil ! le fromage que l'on retrouve sur des pizzas, des lasagnes ou des cheeseburgers n'est peut-être pas du vrai fromage. Il peut s'agir d'un ersatz fabriqué à partir de graisse végétale bon marché. Il peut ressembler à de la mozarelle, du parmesan ou du chèvre. Il a l'aspect du fromage, mais il n'en n'a ni le goût, ni les qualités nutritionnelles. Son grand intérêt est d'être bon marché. 

Le lait est remplacé par de la matière grasse végétale (souvent de l'huile de palme) et de la protéine laitière, auxquelles on ajoute du sel, de l'amidon et autres exhausteurs de goût. Le produit en question, encore appelé «fromage analogue», est apparu en 2007, avec la flambée du prix du lait, mais il continue de se développer du fait de la crise économique. Il est difficile de mesurer l'ampleur du phénomène. 

La Commission européenne ne dispose d'aucune statistique et les industriels se font discrets sur le sujet. Selon un reportage réalisé par ZDF, une chaine de télévision d'outre-Rhin, l'Allemagne en produit 100.000 tonnes par an (un dixième de sa prodution de «vrai fromage»), dont une grande partie est exportée vers le Sud, en particulier vers les pays arabes.

Un ersatz sur les pizzas

La France importerait aussi ces produits de substitution, présents notamment sur les pizzas surgelées. «Il en y a forcément sur le marché français. Les Allemands sont les premiers producteurs de pizzas surgelées et les Français sont les premiers consommateurs européens de pizzas», souligne un observateur, basé à Bruxelles. 

Ce pseudo-fromage n'est pas nocif pour le consommateur, et pas forcément illégal, en tout cas tant que le mot «fromage» n'apparaît pas sur l'étiquette.

Une pratique trompeuse

Malgré les exigences de l'Europe, qui demande que l'erstaz soit étiqueté comme tel, le consommateur qui en mange ignore la plupart du temps qu'il a affaire à une imitation. Soit parce qu'il ne regarde pas l'étiquette, soit parce qu'il se fie à l'image qui apparaît sur l'emballage. La pratique est donc trompeuse et commence à faire bondir les filières laitières européennes.

À l'heure où l'Europe croule sous les excédents laitiers et où les producteurs voient leurs revenus baisser, c'est une concurrence supplémentaire. «C'est une usurpation», dénonce Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère, en demandant la mise en place d'une législation. Ce débat fait grand bruit en Allemagne: une parlementaire a saisi la Commission européenne et le ministre de l'Agriculture a organisé en juin dernier, pour les consommateurs, une journée d'information intitulée «Attention tromperie sur le fromage». 

Aux Pays-Bas, une chaîne de télévision a mis les pieds dans le plat. Sur plusieurs produits (pizzas, lasagnes...) qu'elle a fait analyser, la moitié était composée d'un ersatz de fromage.

Plus récemment, un parlementaire du canton suisse de Fribourg, patrie du gruyère, s'est également ému du problème.

Publié dans Alimentation

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