De l'uranium en route pour la mer

Publié le par Nathalie

Un rejet accidentel de 30 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre s'est produit mardi à Bollène (Vaucluse) sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin, mais il ne présente pas de risque sanitaire immédiat, selon les autorités nucléaires. "Cet incident a été déclaré niveau 1 par l'exploitant en liaison avec l'autorité de sûreté" nucléaire, au bas de l'échelle des incidents nucléaires qui va de 0 à 7, a déclaré à l'AFP Catherine Dalverny, directrice de la communication du site du Tricastin. Toutes les mesures de protection ont été prises, ont assuré à la fois les autorités nucléaires et les préfets du Vaucluse et de la Drôme sur laquelle une autre partie du site est située.

La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a dénoncé le "manque de fiabilité" de la centrale de Tricastin. "Le risque sanitaire est effectivement faible, mais cet incident, non négligeable, fait suite à un nombre croissant d'autres incidents, montrant une dégradation de la gestion des déchets sur un site pourtant appelé à se développer", a déploré Corinne Castanier, présidente de la Criirad. Une partie de la solution a été récupérée par la société Socatri où a eu lieu le rejet, une autre s'est largement diluée dans les cours d'eau et la troisième n'a pas atteint la nappe phréatique, a expliqué à l'AFP le directeur de la sûreté des usines à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Thierry Charles.

"A l'instant T, il n'y pas de problème car les gens ne peuvent plus pomper les eaux de cette nappe, et on fait des prélèvements pour vérifier que localement il n'y a pas d'uranium", a-t-il ajouté en assurant qu'une surveillance stricte serait observée. "L'enjeu n'est pas immédiat, c'est maintenant un enjeu de surveillance (de la nappe phréatique) au fil du temps", selon Thierry Charles. Pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), "en cas de consommation éventuelle de poisson, l'impact sanitaire est très limité".

"C'est la première fois qu'un tel incident se produit", a assuré à l'AFP Gilles Salgas, responsable de la communication de Socatri (groupe Areva). L'usine fonctionne depuis 1975.

Le rejet s'est produit à 6H30 pendant une opération de nettoyage d'une cuve. Il y a eu un déversement sur le sol ainsi que dans le canal adjacent, une partie des effluents polluant ensuite La Gaffière et L'Auzon.

Des mesures de précaution ont été prises et maintenues pendant toute la nuit, interdisant notamment la consommation d'eau potable issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône. L'arrêt de l'irrigation agricole issue des rivières La Gaffière et L'Auzon, et l'interdiction des activités nautiques et la baignade sur les plans d'eau du Trop-Long, du Baltraces (Bollène) et des Girardes (Lapalud) sont également prévus. Parallèlement, la pêche et la consommation de poisson sont interdites dans les deux rivières concernées, ainsi que dans la Mayre Girarde et le lac du Trop-Long, selon les préfets.

De son côté, l'organisation écologiste Sortir du Nucléaire a contesté dans un communiqué "les avis rassurants des autorités", jugeant "en effet impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et peut-être sur la santé de riverains". Elle a appelé à une mobilisation antinucléaire internationale samedi à Paris.

Publié dans Pollution

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