Dessaler l'eau est très polluant

Publié le par Nathalie

Stephen Hawking n’a rien d’un imbécile. C’est prouvé. Pourtant, quand, en 2006, devant un parterre d’étudiants et de professeurs d’université en Chine, cet éminent scientifique s’est déclaré très préoccupé par le réchauffement climatique, ajoutant que la Terre pourrait finir comme Vénus, avec une température de 250°C et des pluies d’acide sulfurique, personne n’a gardé cette terrible prédiction en mémoire plus de quelques semaines.

Pourtant, Stephen Hawking n’est pas le seul à le dire. Militants et chercheurs observent avec inquiétude la situation précaire de l’eau sur Terre. Parmi eux, Maude Barlow, auteur de Blue Covenant: The Global Water Crisis and the Coming Battle for the Right to Water [
Alliance bleue : la crise mondiale de l’eau et la future bataille pour le droit à l’eau, paru chez New Press en mars 2008], fondatrice du Blue Planet Project et directrice nationale du groupe de pression Council of Canadians. Je crains que la crise mondiale de l’eau ne balaie la vie de la surface de la Terre si nous ne nous en préoccupons pas très vite, confie-t-elle.

Avec la diminution des précipitations qu’entraîne le réchauffement climatique, de nombreux pays se tournent vers le dessalement d’eau de mer pour s’approvisionner en eau douce. La logique est en apparence simple : plus de 70% de notre planète étant constitués d’océans, il suffit de retirer le sel de cette eau et de regarder avec délectation nos réservoirs se remplir.

Les usines de dessalement poussent d’ailleurs comme des champignons un peu partout dans le monde. Severn Trent, l’une des dix entreprises privées de gestion de l’eau au Royaume-Uni, assure actuellement la construction d’une de ces installations pour la résidence Maravia Country Club Estates à La Paz, dans le sud de la Basse-Californie, au Mexique. La ville d’El Paso, au Texas, a inauguré en août 2007 la plus grande usine de dessalement à l’intérieur des terres qui existe au monde ; elle alimente essentiellement la base militaire de Fort Bliss, en cours d’agrandissement. En Australie, pays gravement touché par la sécheresse, c’est un joint-venture israélien qui bâtit une centrale, tandis qu’à Bahreïn, Etat riche en pétrodollars et connaissant le même boom immobilier que d’autres pays du Moyen-Orient, on examine di­verses offres en vue de la construction d’une gigantesque centrale capable de satisfaire ses besoins croissants en eau. L’Inde a quant à elle commandé une étude de faisabilité à General Electric. Bref, les exemples ne manquent pas.
Plusieurs entreprises privées proposent une bonne vingtaine d’usines de dessalement de l’eau de mer pour la seule côte californienne, ajoute Wenonah Hauter, présidente de l’association de consommateurs Food and Water Watch. La plupart de ces projets se trouvent à proximité de grands espaces où le manque d’eau a toujours limité le développement.

En d’autres termes, partout dans le monde on s’apprête à construire de gigantesques usines de dessalement dans les années à venir. Mais ce n’est pas parce que tout le monde a soif. En fait, c’est surtout l’argent qui va couler à flots. Reste à savoir si les progrès et la solution à la crise de l’eau viendront avec.

Même avec les projets actuels, qui visent à tripler la production mondiale, avec notamment des usines de dessalement à énergie nucléaire, cette technologie est incapable de satisfaire la demande en eau douce dans le monde, assure Maude Barlow. D’une part parce que le dessalement est une technologie très coûteuse, ce qui explique qu’on trouve ces usines en Arabie Saoudite et en Israël mais pas en Afrique. Et, d’autre part, parce que l’humanité détruit son patrimoine d’eau douce trop rapidement pour que la technologie puisse compenser. Les gouvernements et les entreprises se jettent sur le dessalement comme si c’était la panacée. C’est compréhensible de la part du secteur privé : l’or bleu peut générer des bénéfices considérables. En revanche, le fait que les gouvernements ne prennent aucun recul pour examiner de façon plus attentive cette prétendue solution miracle pose un énorme problème.

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http://www.infosdelaplanete.org/3773/le-dessalement-n-est-pas-la-solution-miracle.html

Publié dans Pollution

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