L'Amazonie en péril

Publié le par Nathalie

Approximativement 11 224 km² de forêts ont disparu entre août 2006 et Juillet 2007, contre 14 039 Km² au cours des douze mois précédents cette période. Ce sont de mauvais chiffres dans l'absolu, puisque la déforestation devrait cesser, mais ils laissaient penser que la diminution engagée depuis 2004 pourrait devenir durable. Malheureusement, les chiffres du deuxième semestre 2007 sont particulièrement mauvais...

Bien que le gouvernement brésilien ait fixé comme objectif "zéro déforestation", l’année dernière a connu des pertes de forêts d’une superficie équivalente à la taille de la Jamaïque, il reste donc encore beaucoup à accomplir. Le ministère de l’environnement brésilien a attribué certaines des améliorations de l’année dernière à la mise en application plus forte de la réglementation environnementale, mais il est probable que la récente baisse des prix du marché pour les graines de soja et de la viande soit aussi responsable.

Toutefois, comme la demande pour ces produits va inévitablement augmenter dans les prochaines décennies, les pressions agricoles (culture et élevage) sur la forêt tropicale humide vont par conséquent augmenter. La forêt tropicale humide d’Amazonie est intimement liée au climat mondial. Ces arbres agissent comme des géants consommateurs de chaleur, absorbant la moitié de l’énergie solaire à travers leurs feuilles, et ils sont aussi un réservoir significatif de carbone. A cause de la déforestation, beaucoup de ce carbone est relâché dans l’atmosphère, contribuant massivement aux changements climatiques mondiaux.

Selon le WWF, une organisation mondiale de protection de la nature, l’abattage, l’agrandissement du bétail et l’aggravation de la sécheresse pourraient provoquer la disparition de 55% de la forêt tropicale amazonienne d’ici 2030. Si les prédictions du WWF sont vraies, la déforestation amazonienne relâchera entre 55,5 à 96,9 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère d’ici 2030, soit l’équivalent de 1,5 à 2,6 années d’émissions mondiales de carbone. Le WWF a aussi estimé que le réchauffement climatique devrait réduire les précipitations existantes dans l’est de l’Amazonie et augmenter les températures en Amazonie de plus de 2 degrés Celsius, asséchant la forêt tropicale existante qui devrait alors laisser place à une végétation de type savane.

L’importance mondiale des écosystèmes de l’Amazonie ne peut être sous-estimée. Ils contiennent 1/5ème des eaux douces de la planète et près de 30% des espèces animales et végétales du monde, alors qu'un grand nombre sont encore à découvrir.

1/5 de la superficie de l'Amazonie a déjà été abattue, et prévenir de nouvelles pertes va exiger de solides et innovatrices politiques au Brésil ainsi que la coordination de l’action internationale sur le changement climatique. "Le Brésil est le 4e plus grand contributeur au réchauffement climatique global, et ce, principalement en raison de la déforestation et du défrichage en Amazonie. S’attaquer de front à la déforestation est essentiel dans la lutte contre les changements climatiques" souligne Greenpeace. Suite à cette première annonce encourageante, un communiqué du 24 janvier 2008 de l’Institut National Brésilien pour la Recherche Spatial (INPE) précisait que la déforestation de l'Amazonie s'était fortement accrue à partir de septembre 2007. En effet, le rythme de déforestation est passé de 243 km² en août dernier à 948 km² en en décembre, soit quatre fois plus qu'à la même période en 2004. "Nous n'avions jamais enregistré un tel rythme de déforestation à cette période de l'année", a expliqué Gilberto Camara, directeur de l'Institut national de recherche spatiale, qui fournit des images satellite de la région, lors d'une conférence de presse à Brasilia.

Ainsi, d’août à décembre 2007, environ 3235 km² de forêts ont été détruites. Cependant, Greenpeace estime que l’analyse plus en détail des images satellites conduira à un total de 7 000 km² de forêt tropicale détruite... Ce qui porterait à plus de 18 000 km² la superficie de forêt amazonienne défrichée en 2007.

« Le gouvernement brésilien ne peut pas se dire surpris de cette évolution, déclare Paulo Adario, responsable de la campagne Amazonie à Greenpeace. Nous l’avons prévenu maintes fois qu’en raison de l’augmentation des prix du soja et de la viande bovine, la déforestation allait augmenter. Seules des mesures urgentes, telles que l’accroissement des contrôles de l’Etat et la suspension de l’aide publique aux contrevenants des lois de protection de l’environnement, peuvent inverser la tendance. Si Lula pense sérieusement que le Brésil est le leader mondial en matière de lutte contre la déforestation, il doit s’assurer que l’Amazonie soit pas victime de la seule hausse des prix des matières premières.»

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