Déforestation = inondation
Pour l'enseignant en urbanisme au Cégep de Matane, Judes Côté, il ne fait aucun doute que les coupes de bois effectuées dans le bassin versant de la Matane figurent parmi les facteurs ayant causé la récente inondation survenue sur les rives de la rivière Matane.
«Le couvert forestier favorise la rétention de l'eau et ralentit le ruissellement de surface, c'est-à-dire l'écoulement naturel vers le cours d'eau, explique-t-il. Plus il y a de coupes forestières (et il y en a eu beaucoup dans le bassin versant de la rivière Matane), moins la forêt peut jouer son rôle. Dans les années 1970, l'eau prenait environ 24 heures à descendre à la mer et aujourd'hui, ce délai est de 12 à 13 heures. On va du simple au double.»
Il est vrai que des études réalisées au Nouveau-Brunswick, en Colombie-Britannique ainsi qu'aux États-Unis ont démontré qu'il y a un lien direct entre coupes forestières et inondations. Le rapport de l'une d'entre elles se trouve à l'adresse :
http://www.fundymodelforest.net/fr/pdf/publications/2002_revue_documentation.pdf
Par contre, M. Côté ne manque de souligner qu'il s'agit d'un concours de circonstances: 100 mm de précipitations en 24 heures, la présence de quelque 30 cm de neige en altitude et l'absence de feuilles dans la forêt. Celles-ci contribuent aussi à ralentir le ruissellement des eaux. Il évalue qu'en une seule journée, le 16 novembre, il est tombé environ 10% des précipitations moyennes annuelles.
Plusieurs attribuent aux changements climatiques les récents événements vécus en Gaspésie, soit à Rivière-au-Renard en août ou la tempête Noël du début novembre. Les météorologues se montrent toutefois très prudents à ce sujet, alléguant que «des événements semblables, il y en a déjà eu. Il faudra attendre de voir et si, au bout de dix ans, ils se répètent, on aura la preuve, disait René Héroux d'Environnement Canada», ce qui impatiente bien des gens qui se demandent jusqu'où il faudra aller pour que les autorités se décident à faire quelque chose. La ministre Nathalie Normandeau a promis de se pencher sur le problème, tout comme le député de Matane, Pascal Bérubé.